Le dindon

Georges Feydeau – création juillet 2009

mise en scène Julien Kosellek
avec Stéphane Auvray-Nauroy, Michaël Benoit, Gorka Berden, Coraline Chambet, Astrid Defrance, Laure Espinat, Nicolas Fustier, Tristan Gonzalez, Nicolas Grandi, Frederik Hufnagel, Bouzid Laiourate, Mathias Robinet, Julien Varin
assistanat à la mise en scène Vincent Brunol
vidéo Luc Martin

Enorme machinerie théâtrale, Le dindon, vaudeville du désir par excellence, explore avec une jouissante cruauté les rapports entre pulsions amoureuses et société bien pensante.

Mais pourquoi diable jouer Feydeau aujourd’hui ? Et bien il est possible que ses questions soient les nôtres ; notre temps est pudibond, bien pensant et légaliste, et nous sommes toujours pleins de pulsions et de fantasmes. Pleins, trop pleins même, au bord d’exploser pour une femme qui passe dans la rue, pour celui qu’on ne doit surtout pas regarder, pour l’amant de notre femme ou la femme de notre amant. Et nous sommes toujours aussi ridicules…

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Le rire est avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l’objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu’on a prises avec elle. Il n’atteindrait pas son but s’il portait les marques de la bonté et de la sympathie.
Henri BERGSON

Le rire fait toujours au moins une victime…
Et chez Feydeau, cette victime, c’est nous. La petitesse des sentiments, les mesquineries amoureuses, les folies du désir, ce sont bien les nôtres.
Le Dindon est d’une extrême drôlerie parce que d’une extrême cruauté. Cruauté envers ceux qui sont sur scène, cruauté surtout envers ceux qui regardent. Feydeau entremêle toutes les situations où l’être humain est pris aux pièges de ses désirs, où nous sommes pris aux pièges de nos désirs, puis tire à bout portant.

 

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Qui empêche la rencontre de partenaires particuliers travaille à l’apocalypse.
Heiner MÜLLER

Que faire de nos pulsions dans une société aussi bien pensante ? (Je parle de celle de Feydeau, bien sûr…) Tiraillés entre nos forces intimes et la peur de perdre la face, nous sommes évidemment ridicules.
Cette société d’humains pleins de fantasmes cachés s’emballe dès qu’un nouveau venu exprime un désir ouvertement. Elle vacille et se retrouve au bord d’exploser. Au bord seulement puisqu’il s’agit d’une comédie.

Ces tensions entre société bourgeoise bien pensante et fantasmes inexprimés donc violents motivent l’écriture de Feydeau comme elles ont visiblement contraint sa vie intime.
On voit bien où je veux en venir, ces questions sont les nôtres ; notre temps est pudibond, bien pensant et légaliste, et nous sommes toujours pleins de pulsions et de fantasmes. Pleins, trop pleins même, au bord d’exploser pour une femme qui passe dans la rue, pour celui qu’on ne doit surtout pas regarder, pour l’amant de notre femme ou la femme de notre amant. Et nous sommes toujours aussi ridicules…

 

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