On purge bébé

Georges Feydeau – création juillet 2008

mise en scène Stéphane Auvray-Nauroy
assisté de Florent Dorin et Vincent Brunol
lumière Xavier Hollebecq
avec Aurélia Arto, Selim Clayssen, Johanna Cohen, Dianko Diaoune, Michèle Harfaut, Julien Kosellek, Eram Sobhani

Le décor représente le bureau dévasté de Follavoine. La bibliothèque s’est éffondrée et on marche sur les livres au milieu des pots de chambre. La lumière est d’abord pleine du mauvais goût des vitrines de Noël des Galeries Lafayette, et puis vire au crépuscule et à l’apocalypse.
De la vulgarité bourgeoise au cauchemar de Follavoine, les rapports humains sont violents, absurdes, drôles donc tragiques.
Dans notre distribution, les acteurs sont trentenaires. Juste pour faire entendre que l’action ne se situe pas dans un milieu de bourgeois établis et durs de la feuille, mais qu’elle est menée par des êtres encore jeunes, désirants et désirables. Ce qui rend peut être l’aventure plus absurde encore.

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photo Candice Martel

Le théâtre de Feydeau, n’est pas un théâtre bourgeois comme on nous l’a laissé croire. Il invente un langage, une écriture au vitriol qui définit la folie sous couvert de bienséance et de convention bourgeoise. Il dénonce, remet tout en question : le mariage, le couple, le rapport à l’enfant, la bonne éducation, l’argent, la sexualité.

Le corps est omniprésent chez Feydeau, parce qu’il est humilié, refoulé, nié. Or ce que nous aimons au théâtre c’est revendiquer le corps, parce qu’aujourd’hui les représentations omniprésentes du corps ne sont qu’une autre manière de l’humilier, le refouler et le nier. Une autre manière donc de nier la mort, d’enfermer l’homme à une vie sans désir. Et si Feydeau cherche à nous faire rire, c’est parce que le rire est organique et qu’il réveille le corps. Le rire explose le corps sage, le corps convenu, le corps social. C’est pour ça que le rire est violent et cathartique, comme la Tragédie.

 

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photo Jean Macqueron

On purge bébé est une pièce sur le corps sale et l’impossibilité d’en parler. La langue de Feydeau est folle, parce qu’en montrant la séparation du langage et du corps, elle montre que ça rend idiot et fou. L’idiot du village. Le Fou. L’être humain.

« Si nous savions comment notre corps est fait nous n’oserions pas faire un mouvement » dit l’idiot de Flaubert.

On purge bébé parle de transit, un transit qui ne se fait pas. Parler de caca, c’est parler de la nature cachée de notre humanité. Dans cette fausse comédie bourgeoise, il n’y a plus de transit intestinal que le transit des mots et des idées. Chacun parle à l’autre sans tenir compte de l’autre, comme s’il se parlait à lui-même. Personne ne se comprend et c’est la mort du dialogue . « Il y a un peu de paresse d’intestin » Ce sont des constipés du verbe. La catharsis, c’est la purge. Et c’est la purge de l’âme et du corps. Comme au purgatoire et c’est pour ça que ça se passe en enfer, parce que la purge est impossible. L’enfer c’est les autres. Donc nous montrerons les corps dans tous leurs états, et nous essayerons de vous faire rire en enfer.

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photo Candice Martel

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photo Candice Martel

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photo Nicolas Grandi