Médée-Matériau

Heiner Müller – création mai 2005

 

mise en scène Julien Kosellek
scénographie Jean-Jacques Ambrosi
avec Céline Milliat-Baumgartner

 

Au peep-show, Médée assassine ses entrailles sorties il y a peu. Et puis le carrelage d’un asile ou de ma salle de bain. L’actrice – prêtresse païenne, rejoue le rituel chaque soir dans la langue primitive de Müller ; bien loin du personnage, c’est bel et bien le mythe qu’elle tente de nous transmettre.

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photo Nicolas Grandi

L’homme n’est rien d’autre que son corps. Il faut l’écouter et réagir. Le talent dans l’art consiste précisément à réagir à son propre rythme corporel dans le médium approprié. C’est pourquoi la théorie freudienne de la sublimation est une absolue stupidité car l’art sort du corps et non d’une tête séparée du corps. C’est seulement quand un comédien a son texte jusque dans les pieds et qu’il remonte à partir de là qu’on a du théâtre. Le théâtre est un dialogue entre les corps et non entre des têtes. Le sport est l’exact contraire de cela : le sport vise à la répression de la sexualité ; c’est un instrument de domination. Le sport vise à la destruction des corps par la sélection des parties du corps. A l’opposé l’essentiel dans l’art c’est l’incontrôlable, la rupture des contrôles, le fait qu’ils deviennent impossible. La tradition de l’Art est la tradition de l’ivresse et toutes les tentatives des sociétés pour réprimer l’ivresse aboutissent seulement à ce que les énergies fusent d’une bouche d’égout non surveillée de façon beaucoup plus monstrueuse. Si les flux d’énergie qui circulent entre les individus sont contrôlés et opprimés, la décharge se fait un jour ou l’autre dans un terrible mouvement de masse. De là naissent les catastrophes. Qui empêche la rencontre de partenaires individuels travaille à l’apocalypse.

Heiner Müller, Fautes d’impression, 1988, L’Arche

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photos Nicolas Grandi

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